«[...] Car c’eſt moy que je peins.»


/ Amas d’icônes, de références profanes.
Un monceau de peines perdues sans un regret.
Idéalisateur de tout ce qui se fane,

Je suis l’émerveillé naïf et aveuglé. /


Ça a débuté comme s’ensuit. On disait de moi que je suis baroque. Moi, j’en ai dit des choses sur ma petite personne, mais jamais que je suis baroque. Aujourd’hui, c’est un compliment. Je résonne profondément avec beaucoup de choses creuses, comme les cloches de la cathédrale Saint-Jean, les tubes de l’orgue de Saint-Eustache, ou les crânes de Douaumont. Depuis peu, je dissimule le peu de chair que je traîne avec moi sous des oripeaux que je passe mon temps à chasser, d’une brocante l’autre. Je ne sais pas s’il est vrai que tout le monde a une légende personnelle ici bas, mais ce que je sais pour sûr, c’est que la mienne serait de servir les corbeaux.


«Ie m'en vay eſcornifflant, par cy par là, des livres, les ſentences qui me plaiſent [...]»


Tous les soirs, pour me vider l’esprit, je farfouille dans les mines de papier, une pleine plâtrée de mélasse dans la caboche. J’ai toujours déploré mon manque de mémoire, et exprimé mon désir de conserver mes images favorites dans un carnet, un “gardoir iconographique”, en quelque sorte. D’abord pour illustrer mes remembrances dans mon journal intime, ensuite pour aller dans les abysses de mon être, dans ma propre petite Nuit intérieure, et les placarder dans mon calepin, mon cabinet de curiosités à moi.
Une envie égoïste et humaine me dévore; éviter de sombrer dans les eaux froides du Léthé.


«Mon art et mon induſtrie ont esté employez à me faire valoir moy mesme […] »


Le collage, c’est la recontextualisation. C’est l’asservissement des images que je soumets alors à mon essence. Mes œuvres explorent mes entrailles, que je charcute pour les rendre aussi proches de mon cœur que de celui d’un inconnu. Je veux qu’on ressente quelque chose de métaphysique et d’occulte en découvrant mes productions. Je rêve d’une confusion pareille à celle de l’illuminé devant des textes oubliés. Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de l'œuvre d’art, pensant qu’elle devait viser une beauté universelle idéale. Cependant, je peux dire aujourd’hui qu’il faut dérouter avant tout, car la voie droite a toujours été perdue.
Mon art sera MARÉCAGEUX ou ne sera pas.